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Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/223

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n’est troublée que dans les Deux Kouang, ces provinces sont aussi les seules où vous devez chercher la gloire ». À ces mots Hoa-tien-hô poussa un profond soupir et parut interdit. « Eh bien ! dit le vieillard, que signifie ce silence » ? Le jeune homme soupira de nouveau, et, après quelques instans de méditation, répondit enfin : « Ô mon père, c’est bien dans les Deux Kouang que la paix est troublée, mais je n’ose espérer que l’honneur m’y attende. » — « Pourquoi, dit le vieillard ? » — « C’est, répondit Hoa-tien-hô, que je manque des talens nécessaires pour couper le mal dans sa racine, et forcer les brigands jusque dans leurs retraites. » — « Je sais, dit le vieillard, que vous êtes habile dans la théorie de la guerre, et que vous savez déjà tous les stratagèmes de cet art. Aujourd’hui que vous pouvez déployer sur un vaste théâtre les talens dont vous êtes pourvu, reculerez-vous devant une troupe de brigands ? » — « La chasse aux tigres est sans difficulté, répondit Hoa-tien-hô ; mais les tigres des montagnes ne seront pas faciles à forcer. On peut aisément venir à bout des dragons ; mais il n’en sera pas ainsi des dragons de l’abîme. Les brigands occupent toute l’étendue des montagnes ; hors de leurs repaires, ce sont des vautours ; dans leurs trous, ce sont des rats ; comment donc espérer de les atteindre ? » Le vieillard se prit à rire et dit ; « M. le bachelier, vous avez paru convenir avec moi de votre mérite ; mais maintenant vous vous dépréciez étrangement. Il y a des hommes qui savent gouverner les peuples par les lois ou par la force ; et il ne s’en trouverait pas qui