Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
( 236 )

trait de la courtisane Laïs, peut-on s’étonner de trouver sur celles d’Érésos les traits de l’amante de Phaon ? Ses yeux levés vers le ciel, et paraissant y chercher des inspirations, semblent annoncer que Sapho la courtisane cultivait aussi les muses.

Il existe dans notre collection une petite médaille rhomboïdale en or, élégante de style, mais anépigraphe, qui d’un côté offre la tête d’une femme coiffée de la mitra, comme la Sapho de M. Visconti, et qui de l’autre côté représente une lyre. Ces deux types nous autoriseraient jusqu’à un certain point à voir sur cette médaille la célèbre poétesse de Mytilène, si des présomptions suffisaient pour rendre incontestable ce qui est purement conjectural ; car la lyre qui, comme nous l’avons dit, convient aussi bien à Apollon qu’à Sapho, convient tout autant à Orphée, dont la tête, jetée dans les eaux de l’Hébre et portée à la mer, aborda dans l’tle de Lesbos, et y rendit aussitôt de » oracles. (Philostrat. heroïc. in Philoctet.)

La lyre d’Orphée, poussée aussi par les vagues, s’arrêta devant la ville lesbienne d’Antissa, où elle fut religieusement recueillie et portée en triomphe au temple d’Apollon. (Nicomachus Gerasen. Enchir. harmonie. lib. II. cap. i.)

Une remarque assez curieuse à consigner ici, c’est que la poétesse Sapho, exilée de Mytilène, se retira en Sicile, comme le prouve la chronique de Paros (marm. oxon. xxiii.) ; et que la courtisane du oléine nom suivit en Sicile Phaon, qui s’y était retiré pour échapper à ses poursuites. Ce seul point de ressem-