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Chine, qu’ils avaient totalement ruinée par leurs tchhao précieux.

Cet état de choses obligea les empereurs des Ming, qui succédèrent aux Mongols, non-seulement de ne pas abolir les tchhao, mais d’en créer même de nouveaux. En 1375, on émit six différentes espèces d’assignats ; savoir d’une enfilade ou de mille deniers, de 500, de 400, de 300, de 200 et de 100 pièces de cuivre. Ceux de mille deniers valaient une once d’argent. On défendit au peuple de se servir de l’or, de l’argent et des choses précieuses pour trafiquer. Le cours de ces assignats baissa de suite, et on ne donna que treize enfilades de pièces de cuivre pour dix-sept en papier.

Il paraît que les premiers empereurs des Ming augmentèrent considérablement la quantité de ces assignats ; car, en 1448, ils jouissaient de peu de crédit, qu’on ne donnait que trois deniers pour un tchhao d’une enfilade de mille. Le gouvernement crut remédier à cette disgrâce de son papier, en défendant l’usage des pièces de cuivre, et en forçant le peuple à ne se servir que des assignats. Sept ans plus tard il parut une ordonnance qui statua qu’on percevrait en assignats les impôts des marchés des deux capitales de l’empire. Néanmoins, ces mesures ne produisirent pas l’effet désiré, et les tchhao restant en discrédit, finirent par disparaître de la circulation. Du moins l’histoire n’en fait plus mention après l’an 1455 de J.-C.[1].

  1. Thoung-kian-ming-szu-kang-mou, vol. II, 3. — VII, 3 et 13.