Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/29

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d’Al-Walid ; d’Amrou, fils d’Al-As ; d’Abd-Arrahman, fils d’Abou-Becr, et d’une foule d’autres guerriers renommés par leur courage. À la suite de l’armée marchait une troupe de femmes plaintives, qui ne formaient des vœux que pour la délivrance des objets de leur tendresse, retenus dans les fers. Mais nulle ne manifestait une douleur aussi profonde que la fille d’Al-Azwar. Le doux sommeil s’enfuyait de ses yeux abîmés par les larmes, et aucune parole de consolation ne pouvait pénétrer dans son cœur pour calmer ses angoisses mortelles.

Cependant Jokana avait facilité l’évasion de Dhérar et de ses compagnons. Animés par l’arrivée subite de quelques détachemens qu’Abou-Obeidah avait envoyés en avant, les musulmans, rendus à la liberté, tombèrent bientôt sur les Grecs, et les firent repentir des cruautés qu’ils avaient exercées à leur égard. Dhérar se précipita sur eux frémissant de rage, et son glaive sut bien alors le venger de tous les maux qu’il avait soufferts. Chaque fois qu’il étendait un ennemi à ses pieds, il disait d’une voix terrible : Vengeance de Dhérar ! Pendant qu’il faisait un tel massacre des Grecs, il aperçut, non loin de lui, un cavalier musulman qui donnait des preuves signalées de sa bravoure. Seul il rompait, dispersait des bataillons entiers, et ne cessait de crier d’un ton plein de fureur : Vengeance de Dhérar ! Frappé de ce spectacle, Dhérar s’approche du cavalier qui portait des coups si formidables, le considère avec attention, et reconnaît sa sœur. Ô fille d’Al-Azwar, s’écrie-t-il,