Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/33

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reconnut d’autres principes de l’art de gouverner, comme de celui de négocier, que l’équité, la modération et la bonne foi, et ce que nous aimerions à appeler la probité politique ; principes auxquels il serait en effet si heureux pour le bien de l’humanité, de voir réduire l’un et l’autre de ces deux arts. Nous nous bornons, Messieurs, sans prétendre essayer l’éloge de M. le duc de Richelieu, ni même vous présenter une notice littéraire ; nous nous bornons à déposer ici, dans le sein d’une réunion à laquelle il s’était associé avec un empressement si aimable, l’expression d’un sentiment commun à tous ceux qui eurent le bonheur de le connaître, de la douleur inspirée par l’affection, le respect et l’estime qui s’attachaient à son caractère personnel ; et nous ne craindrons pas de dire que cet hommage simple, mais sincère, est peut-être celui auquel il eût été le plus sensible. On vit rarement conserver, dans un rang aussi élevé, au milieu du prestige des honneurs, du tumulte des affaires, de la pompe ou des intrigues des cours, une simplicité aussi modeste, une droiture aussi franche, une loyauté aussi parfaite, un désintéressement aussi absolu ; et sous le nom de désintéressement, je ne parle pas seulement ici du mépris de la fortune, vertu qui heureusement n’est pas rare en France parmi les hommes publics, mais que M. le duc de Richelieu a portée cependant à un degré peu commun ; je parle de cet autre désintéressement plus difficile, qui dédaigne les jouissances de la grandeur et du pouvoir. M. le duc de Richelieu n’accepta les fonctions éminentes auxquelles