Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucune récompense ; lui répondit en riant le vieillard ; tout ce que j’ai à vous demander, c’est d’envoyer l’un de vos gens acheter de bon vin à l’auberge du voisinage, pour que nous buvions ensemble le coup d’adieu. » Hoa-tien-hô qui de son naturel était bon compagnon, n’eut pas plutôt connu le désir du vieillard, qu’il s’empressa de le satisfaire ; et se levant avec la vivacité d’un jeune homme dont le cœur est content, il donna ordre à Hoa-kouan d’aller acheter du vin. Dès que le vin fut apporté, la plus douce cordialité s’établit entre les nouveaux amis. Les voilà causant du ciel et de la terre, et buvant sans cérémonie chacun selon sa soif. Ils continuèrent ainsi jusqu’à ce que le jour commençât à baisser. Tous deux ayant alors une pointe d’ivresse, le vieillard se leva et dit : « Nous avons assez bu : » puis tirant des plis de sa robe un livre qu’il y tenait caché, il le donna à Hoa-tien-hô, en lui disant : « Votre gloire et votre établissement sont là ; mais gardez-vous d’ouvrir ce livre avec légèreté. » Quoique Hoa-tien-hô fût un peu échauffé par le vin, il se recueillit toutefois à la vue du présent que le vieillard venait de lui faire, et prenant le livre à deux mains, il le posa sur le banc de gazon qui se trouvait au haut du rocher ; puis il se prosterna quatre fois devant le livre et autant de fois devant le vieillard ; après quoi se retournant vers le premier objet de sa vénération, il le prit et le recueillit dans les plis de sa robe, sans s’être permis de l’ouvrir. « Mon fils, ! dit alors le vieillard, charmé de la conduite du jeune homme, mon fils, vous pouvez prétendre à tout ! Les honneurs auxquels