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Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/11

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rer. Comme il n’y a pas de meilleur moyen d’éprouver les hypothèses et de simplifier les explications, que de multiplier les aperçus en augmentant le nombre des faits, j’ai entrepris d’en ajouter un à tous ceux qu’on avait déjà réunis, et, dans cette vue, j’ai soumis à un examen approfondi la doctrine d’un philosophe très-célèbre à la Chine, fort peu connu en Europe, et dont les écrits très-obscurs, et, par conséquent très-peu lus, n’étaient guère mieux appréciés dans son pays, où on les entendait mal, que dans le nôtre, où on en avait à peine ouï parler.

Les traditions qui avaient cours au sujet de ce philosophe, et dont on devait la connaissance aux missionnaires, n’étaient pas de nature à encourager des recherches sérieuses. Ce qu’on savait de plus positif, c’est que ce sage, qu’une des trois sectes de la Chine reconnaît pour son chef, était né il y a environ 2 400 ans, et qu’il avait fait un ouvrage qui est venu jusqu’à nous, sous le titre de Livre de la Raison et de la Vertu. De ce titre est venu celui de ses sectateurs, qui s’appellent eux-mêmes Docteurs de la raison, et qui justifient par mille extravagances cette pompeuse dénomination. C’est d’eux qu’on avait appris que la mère de leur patriarche l’avait porté 81 ans dans son sein, qu’il était venu au monde avec les cheveux blancs, ce qui lui avait valu le nom de Lao-tseu, vieil enfant sous lequel on a coutume de le désigner. On savait encore que vers la fin de sa vie ce philosophe était sorti de la Chine, et qu’il avait voyagé fort loin à l’Occident, dans des pays où, suivant les uns, il