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Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/136

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de traduction que j’ai suivi, et provoquer, s’il m’est possible, de la part des auteurs et lecteurs de traductions, des avis qui tournent au profit de la mienne.

Ceux des lecteurs français à l’opinion desquels j’ai tâché de me conformer jusqu’à ce jour, sont bien les gens du monde les plus difficiles à satisfaire ; aussi n’ai-je subi leurs lois que parce quelles m’ont paru fondées sur les principes de la raison et du goût. Mais si par hasard je m’étais trompé avec eux, quelle obligation n’aurais-je pas à celui qui ferait cesser mon erreur, puisqu’il rendrait en même tems ma tâche plus facile.

En permettant l’importation des idées et des productions de l’Orient, les lecteurs dont je parle repoussent impitoyablement la phraséologie orientale, et veulent qu’on écrive en français tout ce qu’on leur destine, fût-ce une version du Javanais ou du Tibétain. Je conviens qu’ils font une exception en faveur des noms propres, et je ne doute pas qu’ils ne fussent les premiers à rire du traducteur qui de Pomponius aurait fait M. de Pompone, ou du général chinois Sang le général français Dumourier[1] ; mais à cela près il faut leur trouver des équivalent pour tout, et Dieu sait le tems qu’on y passe. Ce n’est point par les formes du langage, dont ils se soucient peu, mais par les idées et les choses qu’ils veulent faire connaissance avec les nations étrangères. La nécessité,

  1. Le mot chinois Sang, qui forme l’un des Pe-kia-sing ou noms de famille, signifie mûrier.