Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les usages de ses habitans doivent s’éloigner des nôtres plus que ceux de toute autre nation asiatique. Or, s’ils savent qu’un arabe n’appelle pas sa maîtresse mademoiselle, comment recevront-ils Mlle Houng-iu, Mlle Lan-iu, et tant d’autres qui, par les grâces de leur esprit, ont fait les délices de Pékin, et qu’on se propose de produire incessamment à Paris ? Accoutumés qu’ils sont à traiter avec des cadis, comment accueilleront-ils nos préfets et nos sous-préfets chinois ? Sur le seul titre de nos personnages, ils révoqueront en doute leur origine. Nous avons, je l’avoue, un moyen bien simple de prévenir leurs soupçons et de satisfaire leur goût. Au lieu de rendre Siao-tsie par « mademoiselle » qui y correspond exactement, au lieu de traduire Tchi-fou et Tchi-hian par les mots « préfet » et « sous-préfet » qui s’en rapprochent le plus possible, il nous suffirait, en travaillant pour ces lecteurs commodes, de transcrire en lettres romaines les caractères chinois dont la version serait trop française ; et, dussent-ils confondre les noms propres avec les termes honorifiques que le tems et la civilisation ont introduits à la Chine, nous leur ménagerions ainsi le plaisir de prononcer en nous lisant moins de français que de chinois.

Nous aurions aussi nos coudées franches dans la traduction des phrases, et c’est surtout alors que nous sentirions le prix des facilités dont ils nous font un devoir. La clarté, la précision auxquelles les auteurs du siècle dernier nous avaient accoutumés, devraient être proscrites de nos versions ; car si ce sont là les