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Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/141

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passé le seuil de notre porte ; comment oserez-vous entreprendre ce voyage ? »

— « Ma mère », répondit Lieou-thsing, « prenez garde, en m’élevant trop délicatement, de faire de moi un homme inutile. Puisque j’ai abordé ce sujet, voyez notre ami Hoa-thian ; il n’est pas beaucoup plus âgé que moi, et cependant, parti du Tche-kiang, il a traversé le Fo-kian, et est allé à Canton présenter un plan de campagne au gouverneur militaire ; il a déjà fait le service d’un homme ; il s’est déjà montré chinois. Pour moi, je ne demande qu’à l’aller voir afin de lui témoigner ma gratitude. Ce devoir rempli, je reviens au logis. Ce ne sera jamais qu’une absence d’un mois et demi ; quel obstacle y voyez-vous ? »

— « Durant ce voyage vous aurez à souffrir des injures de l’air. D’ailleurs vous n’avez jamais voyagé ; et puis la province de Kouang-toung est vaste… où irez-vous chercher votre ami ? »

— « Il est bon que jeune encore je m’accoutume aux fatigues des voyages. Quant à notre ami, il remplit les fonctions de conseiller près du gouverneur militaire de la province ; ce poste élevé le met en évidence. Comment donc pouvez-vous craindre que je ne le trouve pas ?… Rassurez-vous, ma mère ; c’est un mois de vacances que je vais prendre ; mais il n’y a aucune raison pour que je ne revienne pas au logis. »

Madame Yang ne fit plus d’objections et s’occupa des préparatifs du voyage. Elle ordonna au vieux