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Page:Journal asiatique, série 1, tome 3.djvu/158

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qu’à l’âge de seize mis sans avoir reçu les premiers cadeaux de noces. En attendant, elle employait ses loisirs à parcourir les montagnes, à se promener au bord des eaux, à composer des vers, en un mot, à suivre tous ses penchans. Son père et sa mère, qui la regardaient comme un jeune lettré, la traitaient aussi comme telle, et se prêtaient à tous ses désirs.

Comme la demoiselle Houng-choui était une fille de sens, elle pensait bien que son père étant officier militaire, aucun lettré ne viendrait de lui-méme la demander en mariage. Aussi ses fréquentes promenades n’étaient qu’un prétexte pour montrer la fleur de son mérite, et choisir elle-même un gendre à son père. Le hasard lui ayant fait voir Lieou-thsing, l’élégance et la beauté de ce jeune homme lui donnèrent aussitôt des pensées de mariage. Voilà pourquoi elle tournait autour du bosquet sous lequel il était assis ; voilà pourquoi elle eut tant de peine à quitter le Champ des fleurs.

De vetour au logis, elle ne cessa point de songer à la rencontre qu’elle avait faite, et envoya au Champ des fleurs un de ses gens, homme habile en affaires, pour savoir qui était le jeune homme qu’elle avait vu sous le feuillage. Le serviteur arrivé sur les lieux vit Hoa-thian qui buvait avec Lieou-thsing, et connaissant le premier, mais non le second, il revint dire à la demoiselle qu’il avait vu le seigneur Hoa, conseiller militaire de la province, traitant un de ses amis.

Sur ce rapport, Houng-choui dit en elle-même :