Page:Journal asiatique, série 1, tome 4.djvu/72

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la chair qui couvre les os se sèche et se consume ; le sang même qui parcourt les veines diminue et perd de sa fluidité ; la stature si droite de son corps se courbe ; la faiblesse des yeux commence, et bientôt ils n’aperçoivent plus les montagnes qui s’élèvent devant eux ; le sens de l’oreille devient si dur qu’il n’entend pas même le son de la trompe ; la bouche perd ses dents, et l’odorat disparaît : La diminution des forces corporelles exige un bâton pour appui, et les facultés de l’ame se changent en distraction et en oubli, et disparaissent à la fin tout-à-fait, de même que le sens du goût se perd. — Considérez ensuite les maladies auxquelles l’homme est exposé pendant qu’il vit dans ce monde, à combien d’observations ne donnent-elles pas lieu ? Leur nombre monte à 20. Quelle misère de voir ses forces dépérir ! Hors d’état de se lever à volonté, et contraint d’être couché, l’homme n’a pas même pour lors du repos. Souvent il lui paraît que le cœur lui a monté au gosier, et que l’intérieur du corps soit rempli de vent. La nuit lui semble plus longue que le jour, et un jour a pour lui la durée d’un mois. Les mets les plus exquis sont pour lui sans saveur comme du bois, et les meilleurs coussins lui paraissent des épines ; le blanc des yeux devient jaune, et le rouge de la peau et du sang prend une couleur bleuâtre. Intérieurement il commence à devenir son propre ennemi, le sentiment de sa misère augmente son découragement et son affliction, lorsqu’il s’écrie en soupirant : Hélas ! quand serai-je délivré de ces