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QUELQUES TERMES TECHNIQUES BOUDDHIQUES.

cation avec Constantinople, la Grèce et l’Europe, la rendirent pour ainsi dire imperméable aux influences du dehors. Il en allait tout autrement de son heureuse rivale, dont la situation unique, au carrefour de l’Europe et de l’Asie, avait déjà fait depuis des siècles, la ville cosmopolite par excellence. L’arrivée des Turcs dans ses murs eut beau y introduire de nouvelles mœurs avec un nouveau langage, la compénétration ne put s’y faire comme dans les villes de l’intérieur : le cosmopolitisme de Byzance se survivait dans celui de Stamboul : négociants des républiques italiennes et de toutes les grandes nations européennes, Grecs des îles ou du continent, voyageurs à destination de l’Europe orientale ou de l’Asie, enfin ambassadeurs avec leurs suites parfois très nombreuses[1] continuèrent d’affluer au Bosphore, empêchant, par ces apports constants de civilisation européenne, la langue des vainqueurs d’envahir celle des vaincus au même degré que dans les villes continentales. Ce n’est pas que le grec de Constantinople soit demeuré bien pur de tout alliage turc[2], le contraire aurait été une vraie merveille glossologique : mais une comparaison sommaire, que nous avons plus d’une fois faite sur place, permet de constater combien plus profondément l’idiome grec de Roumélie, vocabulaire et phonétique, a été atteint par la domination ottomane.


    billon, une rapide chevauchée : ce n’est rien moins que le sultan Mohammed IV lui-même en équipage négligé, revenant d’une de ses parties de chasse qu’il menait avec une ardeur infatigable et fiévreuse. » (Les voyages du Marquis de Nointel [1670-1680], par Albert Vandal, de l’Académie française, 2e édit., p. 57.) La suite du récit montre à quel point Andrinople était restée ville turque, ville islamique et khalifale.

  1. Cf. A. Vandal, ibid., p. 55, 116 et passim.
  2. Une oreille exercée dislingue assez facilement un Constantinopolitain d’un Smyrniote, et à l’avantage de ce dernier, au moins pour la grécité des termes. Mais à côté de l’un et do l’autre, l’Andrinopolitain — s’il n’a pas honte d’user de son patois hors de chez lui — serait presque pris pour un Turc parlant grec.