nommé Nanda[1], il édicte une prescription (çikṣapādh = sc. çikṣāpada), cette prescription porte le numéro 90 dans une série qu’elle termine, puisque la formule de conclusion se rapporte à quatre-vingt-dix (ñumka) lois (pelaiknenta). La moindre pratique du Vinaya pali suggère le souvenir du récit qui termine la section des Pācittiya dans le Suttavibhaṅga. La scène, il est vrai, est à Sāvatthi dans le récit pali, mais la prescription, qui porte sur les dimensions de la robe du moine, comparée à la robe du Bouddha, transparaît nettement mot par mot dans le çikṣapādh tokharien ; en particulier, les nombres donnés : neuf coudées et six coudées coïncident avec les nombres ñu et ṣkas déjà connus en tokharien. Mais le Pācittiya pali compte 92 articles au lieu de 90. Le désaccord est grave, car il s’agit ici du code fondamental qui règle la vie et la discipline des moines, et des mesures rigoureuses garantissent la transmission intégrale du texte consacré. Après tout, le Vinaya pali, traité trop souvent comme le Vinaya par excellence, est
- ↑ J’ai déjà signalé dans ma note préliminaire (J. As., janv.-fév. 1911), parmi les manuscrits de la mission Pelliot, un sūtra en vers adressé à Nanda (Inventaire M 500. 2). Ce sūtra se développe, tout comme dans l’Aṭṭhakathā palie, et aussi dans l’Ekottarāgama chinois, chap. 7, autour d’un vers du Dharmapada, le 13-14 du pali :
yathāgāraṃ ducchannaṃ vuṭṭhi samativijjhati ।
evaṃ abhāvitaṃ cittaṃ rāgo samativijjhati ॥que le tokharien rend ainsi :makte usdha pakwāreṃ aipoṣa swese olyputse ।
kauṣaṃ mantra mā yair͜oṣ palsko no kauṣn eṅkl olypotse ।Comme (makte) une maison (osdha) mal (pakwāreṃ) couverte (aipoṣa), la pluie (swese) totalement (olypotse) la détruit (kauṣaṃ) ; ainsi (mantra) un esprit (palsko) indompté (mā yair͜oṣ), la passion (eṅkl), totalement (olypotse) le détruit (kauṣn).
Le vers antithétique dans le Dharmapada sanscrit porte (Pelliot M. 500. 13) :
yathā hy agāram succhannam vṛṣṭir na vyatibhindati ।
evam abhāvitam cittam rāgo na vyatibhindati ॥