Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
JANVIER-FÉVRIER 1915.

devait revenir, à un moment donné, aux Perses. Un fanatique du Magisme, nommé Aboû ‘Abd Allah al ‘Adî, avait composé un livre sur les cycles, الادوار, et les conjonctions. Il y disait que « la dix-huitième conjonction depuis la naissance de Mohammed coïncidait avec le dixième millénaire, qui est celui de Jupiter et du Sagittaire, et qu’elle imposait l’apparition d’un homme qui ramènerait la dynastie mage et gouvernerait toute la terre, ferait cesser le pouvoir des Arabes et autres, et réunirait l’humanité sous une religion unique et une autorité unique. Il régnerait le temps de sept conjonctions et demie (donc jusqu’au milieu de la vingt-cinquième où se fait le passage à la triplicité terrestre tant espéré des Ikhwân aṣ Ṣafâ). D’ailleurs, nul souverain arabe ne régnerait après celui qui serait sur le trône pendant la dix-septième conjonction (276-295)[1]. » Al Bîroûnî remarque que cette période répond aux khalifats d’al Mouktafî (289-295) et d’al Mouḳtadir (295-320). La théorie, en effet, devait placer la dix-huitième conjonction trois cent soixante années (solaires) après la naissance du Prophète, donc en 911 de notre ère (298-299 Hég.). Dans al Bîroûnî, le nombre dix-huit est donc hors de doute.

Le texte de ‘Abd al Ḳâhir[2] ne diffère pas sensiblement du précédent et doit dériver d’une même source qui malheureusement n’est nommée ni par l’un ni par l’autre auteur. La seule différence notable est dans l’ethnique d’Aboû ‘Abd Allah qui est écrit : « ‘Ardî » au lieu de : « ‘Adî » donné par al Bîroûnî. On peut donc en conclure qu’il faut rétablir العاشر dans le texte du Fihrist et lire : la dix-huitième conjonction. D’ailleurs, cette dernière n’ayant pas réalisé ses promesses, on se reporta à la septième de la triplicité ignée[3] qui est la dix-neuvième depuis la naissance de Mohammed. C’était la conjonction

  1. Éd. Sachau (Leipzig, 1876-1878), p. 213, l. 8-17.
  2. Éd. Mohammed Bedr (Le Caire, 1328 Hég.), p. 271, l. 5-18.
  3. Al Bîroûnî, éd. Sachau, p. 214, l. 1 ; ‘Abd al Ḳâhir, éd. M. Bedr, p. 272.