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Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/13

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DATE ASTRONOMIQUE DES ÉPÎTRES DES IKHWÂN AṢ ṢAFÂ.

aṣ Ṣafâ et les Ismaéliens[1], et il apparaît que les croyances fondées sur la triplicité ignée ayant été déçues furent reportées sur la triplicité terrestre. Mais avant d’en venir à cette dernière, je crois qu’il y a intérêt à éclaircir certains points restés obscurs dans cette croyance de Zeïdân. Ils touchent à l’origine fort complexe de la doctrine ismaélienne, elles historiens qui en ont parlé ont été victimes, je crois, d’une confusion.

D’abord, on remarquera que le passage d’une triplicité à l’autre ne se fait pas à la huitième conjonction, mais à la treizième (en comptant du début de la première). On serait tenté de corriger : الشامن en الشانى et lire : la deuxième conjonction, en comptant une conjonction principale par chaque début de triplicité. Mais il y a une autre difficulté, c’est que Zeïdân, au dire du Fihrist, était un écrivain d’Aḥmad b. ‘Abd al ‘Azîz b. Aboû Doulaf. Ce dernier fut émir de Karadj en 265[2] et son écrivain n’a pu s’amuser à faire une prédiction sur un phénomène passé en 194, donc depuis près d’un siècle. D’autre part, al Bîroûnî et ‘Abd al Ķâhir al Baghdâdî, faisant allusion à une doctrine analogue, parlent de la dix-huitième conjonction, laquelle tombe en 295, et a pu, par conséquent, être visée par un personnage vivant vers 260. D’ailleurs, par la triplicité « passant du Scorpion au Sagittaire », il faut entendre la triplicité cessant d’être l’aquatique qui a débuté avec le Scorpion, à la naissance de Mohammed, pour devenir l’ignée qui a débuté par le Sagittaire, conformément à la table de Bakhuyzen-de Goeje. Voici d’abord ce que dit al Biroûnî : « D’après une prophétie attribuée à Djâmâsf et à Zoroastre, le pouvoir

  1. Cf. mon article dans Journal asiatique, 9e série, t. XI (1898), p. 251-259, le compte rendu de M. Basset dans Revue de l’histoire des religions, 1899, p. 356-357, Günzburg, Les manuscrits arabes de l’Institut des Langues orientales (Saint-Pétersbourg, 1891), p. 2, Goldziher dans Der Islam (Strasbourg, 1910), p. 22.
  2. Stanley Lane-Poole, Mohammadan Dynasties (Westminster, 1894), p. 125.