Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
JANVIER-FÉVRIER 1915.

ou associés à ceux du second. En rétablissant la distinction, on concilie les dates contradictoires assignées à l’époque du plus célèbre de ces promoteurs, ‘Abd Allah b. Maïmoûn. De Goeje (p. 13) dit qu’il faut placer le commencement de ses opérations au milieu du troisième siècle, mais il note que Weil place la naissance de ‘Abd Allah vers l’an 150. D’ailleurs, le même Weil dit que Aḥmad, fils de ‘Abd Allah, était grand-maître des Ismaéliens vers 275 ; — ce qui se concilie difficilement[1]. De Goeje rejette également un témoignage d’Ibn Chaddâd rapporté par Ibn al Athîr et Nouwaïrî que Maïmoûn était contemporain d’Aboû’l Khaṭṭâb, tué vers l’an 145. À l’appui de son dire, il fournit un argument qui, à mon avis, se retourne contre lui. C’est un isnâd qui remonte jusqu’à Ibn ‘Abbâs et où ‘Abd Allah est cité par Ahmad b. Chaïbân. Celui-ci possédait aussi des traditions d’un Ṣâliḥ, petit-fils d’un personnage mort en 188, et, par un raisonnement que je ne comprends pas très bien, de Goeje conclut que l’isnâd amène au résultat déjà obtenu par S. de Sacy et auquel il se rallie (c’est-à-dire que ‘Abd Allah a commencé ses opérations au milieu du troisième siècle). L’argumentation ne peut, à mon avis, prouver qu’une chose, c’est que Ṣâliḥ, qui a pu connaître son grand-père, a pu, par suite, vivre à la fin du iie siècle et recueillir à cette époque les paroles d’un homme né en 150. Rien n’oblige à le faire naître ou après la mort de son grand-père ou très peu avant. Il a pu avoir dix-huit ans en 188 et être en mesure d’entendre ‘Abd Allah, avant d’atteindre sa trentième année. Donc cela ne détruit pas le chiffre de 150 adopté par Weil. Mais si nous analysons l’isnâd en sens inverse,

  1. Il n’y a cependant pas d’impossibilité absolue, car nous ignorons l’âge d’Aḥmad en 275. De Goeje (p. 21) dit qu’il mourut peu d’années avant 286. En admettant qu’il soit né quand son père avait soixante ans, il aurait vécu moins de soixante-seize ans, ce qui est très acceptable. De Goeje (p. 22) admet même sa mort en 280.