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Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/17

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DATE ASTRONOMIQUE DES ÉPÎTRES DES IKHWÂN AṢ ṢAFÂ.

nous remarquerons qu’entre Ibn ‘Abbâs (✝ 70) et ‘Abd Allah il n’y a que deux intermédiaires : ‘Abd al Malik b. ‘Oumaïr (✝ 136)[1] et Chihâb b. Kharâch (dont je n’ai pu déterminer l’époque). Or, un degré d’isnâd dépasse rarement cinquante ans, le disciple ayant généralement âge d’homme quand il recueille les paroles du maître. Chihâb a donc dû mourir cent ans après Ibn ‘Abbâs, soit vers 170. Même si on recule cette date de vingt ou trente ans, il reste acquis que ‘Abd Allah avait âge d’homme bien avant la fin du IIe siècle. En lui appliquant la moyenne de cinquante ans par degré d’isnâd, il a dû mourir, ou cent cinquante ans après Ibn ‘Abbâs, donc en 220, ou cent ans après ‘Abd al Malik, donc en 236. Ainsi pour le faire vivre et agir au milieu du IIIe siècle, il faut dépasser de beaucoup les limites ordinaires d’un isnâd[2].

‘Abd al Ḳâhir qui, nous l’avons vu, paraît bien informé, dit (p. 266) que Maïmoûn était affranchi de Dja‘far aṣ Ṣâdiḳ (✝ 148), et ceci vient à l’appui du texte d’Ibn Chaddâd combattu, à tort, par de Goeje. Il me paraît hors de doute qu’il faut faire vivre Maïmoûn et son fils ‘Abd Allah avant la treizième conjonction (194), et il est légitime de leur attribuer une tentative de restauration perse fondée sur l’apparition de cette conjonction.

Quel est le caractère de cette restauration ? Nous n’avons aucun renseignement là-dessus. Peut-être était-elle liée au

  1. Nawâwî (Tahdhîb, éd. Wüstenfeld, p. 396) nous apprend qu’il atteignit l’âge de cent ans ; ce qui explique l’écart exceptionnel entre lui et Ibn ‘Abbâs.
  2. Voici un exemple tiré du mousnad d’Ibn Ḥanbal (I, p. 214, l. 96, premier isnâd remontant à Ibn ‘Abbâs). Entre la mort d’Ibn Ḥanbal (241) et celle d’Ibn ‘Abbâs s’écoulent cent soixante et onze ans. Il y a trois intermédiaires : ach Cha‘bi (✝ 90), ‘Âsim (✝ 142), Houchaïm (✝ 183). La moyenne est de quarante-trois ans ; en l’appliquant à ‘Abd Allah b. Maïmoûn, on le fera mourir cent vingt-neuf ans après Ibn ‘Abbâs, donc en 199. Ibn Ḥanbal est né en 164, et la naissance de ‘Abd Allah pourrait donc être reculée, en suivant le même calcul, jusqu’à 121. On voit que nous tirons des conclusions fort éloignées de celles de Goeje.