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Page:Journal asiatique, série 11, tome 5.djvu/577

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SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

Voici comment Lane (ibid.) le décrit : « C’est une courte veste, passant seulement d’un peu le milieu du corps et ressemblant exactement à un yelek, dont on a coupé la partie inférieure ; on porte parfois cette veste au lieu du yelek. Il est donc fait d’une étoffe rayée de couleur, de soie et coton, ou bien de mousseline peinte ou ouvragée, ou bien blanche et unie ; il a de longues manches, et il est fait de manière à être boutonné sur le devant, depuis la poitrine jusqu’à son extrémité. En général, il est coupé de manière à laisser la moitié de la poitrine à découvert (qui, cependant, est cachée par la chemise) ; mais beaucoup de dames portent l’entari plus ample à cette partie du corps. »


6. גאיטאן. On se demande à quelle lettre arabe correspond la première lettre, le ג, de la présente transcription, et cette hésitation influe sur la détermination du sens. Est-ce un غ ? En ce cas, notre terme est apparenté à غطايه, « tournure », selon le Kamous invoqué dans Dozy^^1, et par dérivation on arrive ici au sens de « galons, cordons ». Aussi, n’est-on pas étonné de voir ce mot appliqué à un « instrument [de musique] à cordes », selon la citation faite par Grimbaum (loc. laud., p. 22 et note 2), d’après la version d’un livre de liturgie ; dans ce livre, le terme biblique נבל (Ps. cl. 3) est traduit Gayta, comme l’a aussi la version espagnole dans la Bible de Ferrare. D’autre part, on trouve l’expression خيطان, pluriel de خيط, « fil » ; ce sont « des cordons que l’on tresse avec des cheveux », dit Lane^^2, qui adopte l’orthographe قيطان. « De nos jours, dit Llaguno Amirola (à la fin de la Chronique de D. Pedro roi de Castille, par Ayala), les Maures appellent ainsi (Alḥayte) le collier de perles de corail, ou de pierres précieuses, dont leurs femmes font usage pour parer le cou ou la poitrine. »


7. Le sens du mot קלאבדונ, ainsi formulé, ne nous est qu’imparfaitement connu, du moins avec cette orthographe. Selon l’heureuse identification fournie par M. Clément Huart, notre terme est une transcription du mot turc قلابدان, « étoffe brochée d’or et d’argent », ou : « fils d’or et d’argent », ce qui s’adapte bien aux divers vêtements de notre énumération. Il ne faut pas oublier que la confusion entre ד et ר est fréquente, de sorte qu’un copiste ignorant le turc a pu transcrire קלאבירון

1 Dictionnaire détaillé des noms de vêtements chez les Arabes, p. 312. Glossaire, 2e édit., p. 132-133.

2 Manners and Customs of the modern Égyptians (Londres, 1842), t. II, p. 408 ; Dozy, Supplémenat ».r dictionnaires arabes, t. I. p. 417a.