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Page:Journal asiatique, série 11, tome 7.djvu/452

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une vigoureuse ondulation concave, raccordée à mi-hauteur à un méplat horizontal sur lequel s’épaule la colline supérieure, au sommet tronqué. En gravissant les faces, on s’aperçoit que le modelé est plus complexe encore : afin, sans doute, de ménager une silhouette moins déformée au tumulus obliquement aperçu, on a renflé à partir de la base le milieu de chaque face, tandis qu’au-dessus une saillie au nord et au sud s’oppose à une rentrée à l’est et à l’ouest.

Ces courbures opposées sont une raison d’éliminer l’hypothèse d’une déformation complète du tumulus par le tassement et les pluies, qui eussent agi avec uniformité peut-être, mais non avec cette diversité dans la symétrie, si le solide originel avait été une simple pyramide à base quadrangulaire. La fine poussière de lœss est l’une des matières les plus fidèles à garder la forme voulue par l’architecte[1].

Haut de quarante-huit mètres au-dessus de l’embase, de près de soixante au-dessus de la limite antérieure des travaux de terrassement, le tertre a un volume d’un demi-million de mètres cubes. Comme on dut creuser d’abord pour établir les substructions de l’hypogée, le volume remué fut beaucoup plus considérable encore. Un passage capital de Sseu-ma Ts’ien, dont nous empruntons la traduction à M. le professeur Chavannes[2], nous renseigne sur le contenu et sur la construction du tumulus

« Dès le début de son règne, Che-houang avait fait creuser et arranger la montagne Li. Puis, quand il eut réuni dans ses mains tout l’empire,

  1. Nous avons fait du tumulus de Che-houang-ti un levé complet, où les lignes de niveau sont tracées sans retouche. On remarquera que le centre de gravité du solide est nettement au sud du centre de la base. Tout l’édifice est rejeté — d’une façon volontaire sans doute — du côté du Li-chan. S’il avait été d’aplomb sur l’horizontale, étant assis sur une surface déclive, il aurait paru pencher sur l’avant. L’allongement de la pente antérieure assure l’équilibre optique.
  2. Se-Ma Ts’ien‎, Mémoires historiques, traduction Edouard Chavannes ; t. II, p. 193.