Page:Journal asiatique, série 11, tome 7.djvu/453

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les travailleurs qui y furent envoyés furent au nombre de plus de sept cent mille ; on creusa le sol jusqu’à l’eau ; on y coula du bronze et on y amena le sarcophage ; des palais, des (bâtiments pour) toutes les administrations, des ustensiles merveilleux, des joyaux et des objets d’art y furent transportés et enfouis et remplirent (la sépulture). Des artisans reçurent l’ordre de fabriquer des arbalètes et des flèches automatiques ; si quelqu’un avait voulu faire un trou et s’introduire (dans la tombe), elles lui auraient soudain tiré dessus. On fit avec du mercure les cent cours d’eau, le Kiang, le Ho et la vaste mer ; des machines le faisaient couler et se le transmettaient de l’une à l’autre. En haut étaient tous les signes du ciel, en bas toute la disposition géographique. On fabriqua avec de la graisse de phoque des torches qu’on avait calculées ne pouvoir s’éteindre de longtemps. Eul-che[1] dit : « Il ne faut pas que celles des femmes de l’empereur décédé qui n’ont pas eu de fils soient mises en liberté. » Il ordonna que toutes le suivissent dans la mort ; ceux qui furent mis à mort furent très nombreux. Quand le cercueil eut été descendu, quelqu’un dit que les ouvriers et les artisans qui avaient fabriqué les machines et caché les trésors savaient tout ce qui en était, et que la grande valeur de ce qui était enfoui serait donc divulguée ; quand les funérailles furent terminées et qu’on eut dissimulé et bouché la voie centrale qui menait à la sépulture, on fit tomber la porte à l’entrée extérieure de cette voie, et on enferma tous ceux qui avaient été employés comme ouvriers ou artisans à cacher (les trésors) ; ils ne purent pas ressortir. On planta des herbes et des plantes pour que (la tombe) eût l’aspect d’une montagne. »

Il est difficile de distinguer dans ce passage si descriptif ce qui, des dispositions intérieures du tombeau de Che-houang-ti, est anormal et ce que l’on peut considérer comme rituel et classique. Il n’est fait, dans les aménagements et la décoration, aucune présomption d’une vie extraterrestre ; c’est une raison de croire que les Chinois, dès avant l’époque Han, ne traitaient, même dans les tombes, que des représentations de la vie humaine. L’existence d’un couloir semble impliquer que le palais souterrain n’occupait qu’une partie de l’aire couverte par

  1. (Qin Er Shi) Fils et successeur éphémère de Che-houang-ti.