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et de nirvritti est éternelle, et embrasse l’existence et la destruction de la nature ou des formes palpables.

Les Svâbhâvika sont si éloignés d’attribuer l’ordre et la beauté du monde au hasard aveugle, qu’ils aiment beaucoup à citer la beauté de la forme visible comme une preuve de l’intelligence des forces créatrices, et ils infèrent leur éternité de la succession éternelle de formes nouvelles. Mais ils insistent sur ce point que ces forces sont inhérentes à la matière, et ne lui ont pas été appliquées par le doigt de Dieu ou par un être absolument immatériel. Les formes inanimées sont considérées comme appartenant exclusivement au pravritti et par conséquent comme périssables ; mais les formes animées, parmi lesquelles l’homme n’est pas distingué suffisamment, sont jugées capables de devenir par leurs propres efforts associées à l’état éternel de nirvritti ; leur félicité qui consiste dans le repos, ou la délivrance d’une migration se renouvellant sans fin à travers les formes périssables du pravritti. Les hommes sont doués de la conscience tant, je crois, de la félicité éternelle du reste du nirvritti, que de la peine sans fin de l’activité du pravritti[1]. Mais ces hommes qui ont gagné l’éternité du nirvritti ne sont pas regardés comme les souverains de l’univers qui se gouverne lui-même, ni comme les médiateurs ou juges du genre humain resté dans le pravritti, parce que

  1. Suivant la doctrine la plus générale, ils le sont ; suivant d’autres opinions, ils ne le sont pas ; la question roule sur l’acception primitive du mot Sûnyatâ : il en sera parlé plus bas.