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les notions de médiation et de jugement ne sont pas admises par les Svâbhâvika qui tiennent que chaque homme est l’arbitre de son destin, le bien et le mal dans le pravritti étant, par la constitution de la nature, liés indissolublement au bonheur et au malheur ; et l’acquisition du nirvritti étant, par la même loi immuable, la conséquence inévitable de l’agrandissement de ses facultés par l’abstraction habituelle qui rend un homme capable de connaître ce qu’est le nirvritti. Acquérir cette connaissance est devenir possesseur de la science universelle, où un bouddha est digne de recevoir, comme tel, les honneurs divins, pendant qu’on languit encore dans le pravritti ; c’est de plus devenir au-delà du tombeau ou dans le nirvritti tout au moins ce qu’un homme peut devenir ; mais sur ce tout quelques Svâbhâvika ont exprimé des doutes, tandis que d’autres ont maintenu que c’était le repos éternel, et non l’anéantissement éternel[1] [Shoûnyatâ] ; mais, ajoute cette école plus dogmatique, quand même ce serait le Shoûnyata, ce serait encore bon ; l’homme étant, dans le cas contraire, condamné à une migration éternelle à travers toutes les formes de la nature, dont la plus désirable n’est pas à envier et doit même être évitée à tout prix.

Cet exposé montre que la doctrine distinctive des Svâbhâvika est de nier l’immatérialité, et d’affirmer

  1. Cette interprétation du Shoûnyata des Svabhavika n’est pas la plus générale, quoique leurs ennemis aient essayé de la représenter comme telle. Il sera question plus tard du sens de ce mot qui a prévalu parmi les bouddhistes.