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sectaires semblent avoir dirigé principalement leur attention sur les phénomènes de la nature humaine, avoir été frappés de la liberté de sa volonté et de la différence de ses forces intellectuelles et sensitives, et d’avoir cherché à prouver, malgré la loi morale nécessaire de leurs premiers docteurs, que la félicité de l’homme doit être assurée soit par la culture convenable de son sens moral[1], ce qui était le sentiment des Kârmika, ou par la direction raisonnable de son intelligence, conclusion que les Yâtnika préféraient ; voilà je crois le fondement de la distinction entre les deux écoles comparées l’une à l’autre. En les comparant avec leurs prédécesseurs, on voit qu’elles ont plus d’affinité avec les Aïshvarika, qu’avec les autres écoles, qu’elles inclinent à admettre l’existence d’entités morales et se sont efforcées de corriger l’impersonnalité et la quiétude absolue de la cause première, soit matérielle, soit immatérielle, en feignant que Karma ou Yatna l’agent, soit moral, soit intellectuel, ayant la conscience, a, depuis le commencement, été doué de causalité. Les textes Kârmika s’expriment souvent de la manière suivante : « Shâkya sinha qui, suivant les uns (Svâbhâvika), sortit de Svabhâva, et suivant d’autres (les Aïshvarika), d’Adi-bouddha, pratiqua tel et tel Karma, et en retira tels et tels fruits. »

  1. Malgré ces sentimens, que l’on peut principalement rapporter à l’état de pravritti, les Kârmika et les Yâtnika continuent toujours à tenir par préférence aux Tapa et aux Dhyâna, les ascétiques les plus rigoureux de l’ancienne école.