Page:Journal asiatique, série 2, tome 6.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 299 )

(Gen. I, 2). Platon dans son Timée, Pline dans son histoire naturelle, Macrobe, Aratus et Manilius nous font sentir que ce dogme a constitué une des maximes fondamentales de la philosophie de toute l’antiquité.

Je me contenterai de citer à ce propos les beaux vers de Virgile, parce qu’ils cadrent à merveille avec la roue d’Ézéchiel, en tant qu’elle était le symbole d’une sphère céleste et l’image du monde :

Spiritus intus alit, totamque infusa per artus
Mens agitat molem et magno se corpore miscet
[1].

Enfin cette roue symbolique a aussi la même voix que les chérubins qui la conduisaient. Le Prophète nous le dit expressément (iii, 12, 13 ) en ces termes : וַהִִּשָׂאֵנִי רוַּח וָָאֶשְׁמַע אַחֲרַי קוֹל רַעַַשׁ גַדוֹל בַּרוּךְ כְּבוד יְהוָה מִכְּזקוֹמוֹ ׃ וְקוֹל כַּנְפֵי החַיּוֹת מַשִׁיקוֹת אִשָה אֶל אֲֲהוֹתָה וְְקוֹל הָאוֹפַנִִּים לְעֻמָּתָָםְ וקוֹל רַעַַשׁ גָָדוֹל, et l’esprit m’éleva, et j’ouïs après moi la voix d’un grand bruit (qui chantait) : Bénie soit de son lieu la gloire de l’Éternel ; et la voix des ailes des animaux qui s’entretouchaient les unes les autres, et la voix des roues avec eux, et la voix d’un grand bruit[2].

Job et le Psalmiste avaient donné, avant Ézéchiel, la voix aux cieux et aux astres, et l’harmonie des sphères est un sujet dont se sont beaucoup occupés les anciens

  1. Æneid. vi, 727 et 728.
  2. Le Dante fait chanter de même aux moteurs et habitans de chaque roue céleste, des hymnes de louanges à la gloire de Dieu. Voyez en outre le Koran, sur xvii, 46 ; xxxix, 75 ; xl, 7.