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fait des roues et des animaux un seul tout indivisible, je dirais presque un seul et même corps. « De cherubis et rotis mixtim loquitur propheta, dit Rosenmüller (X, 11 et 12), quia erant unum quid ». Cela va jusqu’à un tel point que l’auteur de la version syriaque a été forcé de donner aux roues la chair, le dos, les mains et les ailes des chérubins : ܘܟܽܠܶܗ ܒܶܣܪܗܶܒܝܢ ܘܚܰܨܝܰܗܸܵܝܢ ܘܐܝܼܵܕܰܝܗܶܝܢ ܘܓܶܦܰܝܗܸܵܝܢ ܕܓܻܓܸܵܠܐ ܀. Ézéchiel envisage donc les chérubins comme les moteurs d’une roue ou d’une sphère céleste, et les suppose composés de la même matière que cette roue ou sphère, ainsi que l’ont cru les anciens, selon le témoignage d’Aristote[1] et de Plutarque[2].

Mais les cercles de cette roue ne constituaient pas seulement un seul ensemble avec les quatre chérubins qui y présidaient ; ils étaient aussi animés et mis en mouvement par le même esprit que les chérubins, idée sur laquelle le Prophète revient à plusieurs reprises, comme s’il craignait qu’elle pût nous échapper (i, 20, 21 ; X, 17 ) : כִּי רוַּח הַחַיָה בָּאוֹפַנִּים car l’esprit de l’animal (des animaux) était dans les roues. Ézéchiel n’avait pas besoin d’emprunter des Chaldéens le dogme de l’âme du monde, car Moïse l’avait déjà consacré dans la première page de sa Cosmogonie, comme l’a très-bien fait remarquer le D. Rosenmüller

  1. Metaphys. l. xiv, c. 8.
  2. De orac. defectu.