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Nous savons en effet qu’ils peignaient les yeux d’un crocodile, et qu’ils représentaient un crocodile la tête renversée, pour indiquer le coucher du même astre[1]. Pausanias nous rapporte[2] que, sur le coffre de Cypselus, une femme tenait deux enfans dans ses mains, savoir un enfant blanc endormi dans la droite : παῖδα λευϰὸν ϰαθεύδοντα τῇ δεξιᾷ χειρὶ et de la gauche un autre noir, qui paraissait vouloir s’endormir : τῇ δὲ ἑτέρᾳ μέλανα ἔχει παῖδα ϰαθεύδοντι ἐοιϰότα. Il ajoute que ces enfans avaient tous les deux les pieds contournés : ἀμφοτέρους διεστραμμένους τοὺς πόδας.

Pausanias a vu dans cette femme, la nuit, et dans les deux enfans, le symbole du sommeil et de la mort, sans réfléchir que, par cette explication, il ne rendait raison, ni de leur couleur, ni de leur position, et que, comme ce coffre avait été l’instrument de la conservation de Cypsélus[3], il devait être embelli par le symbole de la vie plutôt que par celui de la mort. Malgré son autorité et celle de plusieurs autres interprètes, il me paraît que la femme en question était là pour figurer le jour naturel[4] qui a deux enfans, savoir le lever et le coucher du soleil, ou les deux crépuscules.

  1. Horapol. l. i, 68.
  2. In Eliacis, l. v, 18.
  3. Ib. 17.
  4. Les artistes grecs ont dû représenter le jour sous l’image d’une femme, ayant égard au genre du nom ἡμέρα, de même qu’il y a eu un temps où les artistes chrétiens se sont servis du même symbole pour représenter le Saint-Esprit, car le nom רוּחַ esprit, est le plus ordinairement féminin en hébreu.