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FRANÇAIS. NEWARI. BHOT OU TUBÉTAIN.
Année. Datchi. Lotchik (Lo. Kl.).
Jour. Gniuh ou Gni. Nain (Gnin. Kl.).
Nuit. Tchâ. Tchan (Tsan. Kl.).

Je puis assurer que les mots néwari sont exacts, quoiqu’ils diffèrent un peu de ceux qui ont été donnés par Kirkpatrick ; le vocabulaire de ce voyageur, composé à la hâte, contient des erreurs inévitables, notamment celle de présenter des mots sanscrits au lieu de ceux de la langue vulgaire. Il est remarquable que les Néwars, soit instruits ou prétendant l’être, soit illétrés, sont enclins, dans toutes les occasions, à indiquer à un étranger un nom sanscrit au lieu d’un néwari, pour tout objet dont on leur demande l’appellation. Cette manœuvre tient à la vanité et au désir d’être intelligible : ils croiraient ne pas l’être en parlant leur idiome. Il y a sans doute une autre cause, et c’est la pauvreté réelle du néwari qui manque de mots pour exprimer des idées abstraites : ainsi, il n’en a pas pour création, dieu, et, par nécessité il les emprunte au sanscrit ; il en est de même de genre humain, pour lesquels, ainsi que poulies deux précédens, je n’ai pu, après bien des peines, obtenir un mot de la langue vulgaire. Un Néwar qui veut exprimer l’idée de dieu, sans recourir au sanscrit, est forcé de recourir à une périphrase, et dit adjhi deo, composé de adjhi, grand-père, et de deo ; et ainsi par respect pour ses ancêtres, il en marque également pour son créateur qu’il appelle littéralement le père de son père, ou le premier père.