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FÉVRIER 1839. 185

qu’avec la permission du Bogdokhan. Il est vrai que les premières traductions de ces ouvrages ont été imprimées, comme édition stéréotype, aux frais de l’empereur de la Chine, et même, à présent, le gouvernement les distribue comme preuve de bienveillance aux courtisans , aux khoutoukhtas , aux temples et aux monastères. Cependant, à Pékin, il se trouve beaucoup d’imprimeries particulières qui publient le B’kahgyour et le S’tangyour, tantôt complet et tantôt en volumes séparés, selon le désir des bouddhistes. Outre cela, chaque temple mongol et bouriat a sa propre imprimerie où l’on réimprime les livres thibétains et mongols pour la plupart religieux. Je connais plusieurs particuliers qui, par piété, sacrifient des sommes considérables pour les planches de l’imprimerie, et les font garder dans les temples. Ceux qui veulent avoir des exemplaires d’un ouvrage quelconque, les reçoivent sans difficulté pour une modique offrande au temple. Une des principales parties du B’kahgyour, connue sous le nom de Vinaya, est traduite en mongol. J’en possède quelques fragments qui expliquent les différents rites religieux, concernant principalement la consécration et l’installation des prêtres bouddhiques. Vous n’ignorez assurément pas, Monsieur, que Benjamin Clough a traduit the Ritual of the Priesthood en 1834, ouvrage qui constitue une partie du Vinaya. J’ose avancer, sans trop de présomption, que le mien, en langue thibétaine et mongole, est plus complet. L’original est gardé en secret chez les lamas supérieurs. Je conviens que la plus grande partie de la littérature roule sur la religion , mais elle renferme tant d’idées philosophiques, qu’il serait très-utile de les développer, surtout si nous envisageons le bouddhisme comme une secte philosophique qui, dans le courant des siècles, s’est transformée imperceptiblement en religion, en conservant toutefois beaucoup de son ancienne forme. Examinez le Youm même dans ses trois formes ; que de philosophie vous y trouvez ! Les Bodhi-mours , écrits après le B’kahgyour, présentent une quantité de raisonnements philosophique, avec toute la dialectique propre à l’esprit d’un peuple