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FÉVRIER 1839.

comment résoudre les moindres questions sur les constitutions de ces colonies primitives, sur la formation et le développement des mythologies orientales en rapport avec le polythéisme gréco-romain, sur les méditations métaphysiques de l’Orient, en rapport avec la philosophie des Grecs ; enfin, sur les grands monuments de l’art et de la poésie, si l’on se borne à quelques ouvrages de la littérature sanscrite, publiés seulement en partie, et connus en Europe depuis peu d’années ?

Grâce à cette caste savante qui, dans l’Inde, ne s’est pas éteinte malgré les invasions étrangères, beaucoup de sources authentiques sont conservées : c’est un vaste champ pour l’activité intellectuelle de notre époque, qui a pris pour tâche l’investigation critique des faits, soit de la nature, soit de l’histoire. Ces trésors inappréciables, qu’elle sera fière d’ajouter à son patrimoine de science, elle doit les acquérir par de patientes études ; la linguistique est ici son premier secours, et précède même les pas de la critique dans ce dédale d’écrits et de traditions ; plus tard seulement peut venir l’appréciation historique et philosophique du Nouveau-Monde, qui n’a pas de l’or à donner à ses conquérants, mais des idées.

L’Angleterre, qui se trouvait sur le terrain, a lu, grâce à ses sociétés savantes, les premières pages des livres brahmaniques ; aussi l’Inde a trouvé dans les Jones, les Wilson, les Colebrooke, des interprètes dignes d’elle et de l’Europe à qui ils s’adressaient ; mais, préoccupés de leurs intérêts industriels et commerciaux, de leurs systèmes compliqués de colonisation, les Anglais semblent avoir transmis aux nations du continent, avec les premières données, le soin de pousser plus loin les études nouvelles. La France, qui a pris si glorieusement pour elle les études musulmanes, a aussi payé son tribut au génie des Indous. Mais c’est surtout l’Allemagne qui a recueilli avec enthousiasme tout ce qu’elle a pu savoir des bords du Gange. Tandis que ses penseurs écoutaient avec respect, et méditaient les premiers mots