Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

impériale, prit toutes ces cartes et les marqua, une à une, avec son pinceau. Dans le nombre, il se trouva qu’un nom manquait ; c’était celui de Wang-tsin, commissaire d’armée. Quand on représenta à Kao-khieou que depuis quinze jours ce fonctionnaire, retenu chez lui par une maladie grave, dont il souffrait encore, n’avait pas mis le pied dans son bureau : « Mensonge ! s écria le gouverneur de la ville impériale, enflammé de colère, il savait qu’il y avait aujourd’hui présentation de cartes à l’hôtel ; c’est un misérable qui veut se mettre en opposition avec moi. On doit réprimer l’orgueil des subalternes. Vite, qu’on l’arrête et qu’on l’amène ici. »

Wang-tsin n’avait ni femme, ni enfants ; il demeurait seul avec sa mère, qui était âgée de plus de soixante ans. Quand le chef des huissiers se présenta chez lui pour l’arrêter, il vit bien qu’il n’avait d’autre parti à prendre que de se mettre en route.

I1 s’arma de courage et de patience contre son mal. (Suivant à pied les huissiers), il entra dans l’hôtel du gouverneur de Khaï-fong-fou, fit quatre révérences, s’inclina de nouveau et donna encore d’autres marques de respect ; puis il se leva et par humilité se tint debout à l’entrée de la salle.

« Ah, coquin, s’écria Kao-khieou, n’êtes-vous pas le fils de Wang, l’ancien commandant en second de l’armée ?

— « Oui, je suis son fils, répondit Wang-tsin.

— « Dans les rues comme sur les places de la capitale, continua Kao-khieou d’un ton courroucé,