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AVRIL-MAI 1857.

arbres où nous serons ravis d’entendre les oiseaux razouiller[1], nous mangerons comme eux, avec toute la simplicité militaire, un pilau, bien assaisonné de clous de rérofle[2]. En façon de dessert, nous aurons d’excellentes rernades[3], qui remplaceront fort bien les groseilles, ou des oranges de Mostaranem[4], non moins bonnes que celles du Portural[5]. Pour boisson, il nous suffira des jets d’une source fraîche, où nous aurons eu soin de nous laver les pieds, les mains et la figure, sans oublier de nous rarrariser la bouche[6]. Cette eau pure, nous la sablerons comme du Champagne, en façon de toast, aux prompts succès de la nouvelle prononciation du raïn[7]. Et de retour dans nos foyers, nous garderons un doux souvenir de ce banquet, plus agréable que ne furent jadis les splendides festins du Grand-Morol[8]. Encore moins regretterons nous le chétif luxe culinaire d’Al-Mamoun ou de Haroun er-Rachid : malheureux princes arriérés, qui, n’ayant pas vu luire le siècle où ils auraient pu recevoir des leçons de néophonétisme, ignorèrent toute leur vie, les pauvres gens ! qu’ils étaient califes de Bardad[9].

P. G.-D.
  1. غازل.
  2. غَرْفول.
  3. Les Arabes appellent ce fruit رمّان, mais l’adjectif formé de grenade غرنطه est ghernâti (غرناطىّ), par conséquent rernâti dans le nouveau système.
  4. مستغنم.
  5. پورتغال.
  6. غرغر.
  7. غين.
  8. مُغل et مُغول.
  9. بغداد. Voir la note qui tient lieu de post-scriptum.