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Page:Journal asiatique, série 6, tome 15-16.djvu/367

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ÉTUDES BOUDDHIQUES.

du midi, le plus important des sûtras, le Sûtra par excellence, le sûtra type, fait partie et du Sûtra et du Vinaya. Comment, après cela, peut-on établir une ligne de démarcation primordiale entre les deux classes d’écritures ? Et cet exemple n’est pas unique ; il est le plus frappant, mais non le seul. D’autres sûtras se retrouvent dans le Vinaya ; d’autres textes du Vinaya reparaissent dans le Sûtra. Ne pourrait-on pas conclure de là que la distinction entre le Sûtra et le Vinaya, ou plutôt entre le Dharma et le Vinaya (car le mot sûtra est relativement récent et a pris la place de Dharma), n’existait pas à l’origine ? Je sais bien que la tradition rapportée dans le Mahâvanso, à l’occasion du premier concile, est entièrement contraire à cette supposition. Mais il est évident qu’on ne paraît pas avoir toujours tenu grand compte de cette division en Dharma et Vinaya prétendue originaire. L’expression qui revient fréquemment dans les livres bouddhiques dharma-vinaya : svâkhyâta[1] (en tibétain : legs-par gsungs-pai chos ’dul-va ; en pâli : dhamma-vinayô sâkhyâtô), cette expression, qui se trouve dans un de nos textes, mais dans un seul, celui du Mahâvastu, la consacre à peine ; car Dharma-vinaya se présente plutôt comme un composé de dépendance signifiant « la discipline de la loi (du Buddha) » que comme un composé d’association qui signifierait « la loi et la discipline. » La construction du mot, l’absence du duel en sanskrit, et même

  1. « La discipline de la loi, » ou « la loi et la discipline bien enseignées. »