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Page:Journal asiatique, série 6, tome 15-16.djvu/368

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MAI-JUIN 1870.

le groupe tibétain chos ’dal-va (calqué, à la vérité, sur le sanskrit), semblent favoriser cette opinion, qu’une étude plus approfondie de ce terme important permettra peut-être de mieux établir. Si maintenant nous regardons au fond des choses, la distinction n’est pas plus facile à justifier : la prédication de Bénarès, dira-t-on, a servi à constituer le noyau de la société religieuse, elle dissipe des erreurs de morale et détermine la véritable ligne de conduite qu’il faut suivre ; elle fait donc naturellement partie de la discipline (vinaya) ; mais elle renferme une doctrine, la théorie fondamentale de la douleur ; elle fait donc partie intégrante de la loi (dharma, sûtra). On voit par cela même combien il est difficile de maintenir la distinction. La doctrine et la morale sont d’ailleurs tellement unies de leur nature, qu’à peine peut-on les séparer ; l’une suppose nécessairement l’autre : la doctrine a sa conclusion dans la morale, comme la morale a son principe dans la doctrine. Au reste, dans le Bouddhisme, une considération essentielle prime toutes les autres, c’est celle de l’enseignement directement émané de Çâkyamuni, de la parole du Buddha. Tout ce que le Buddha a dit fait loi ; la parole prononcée par lui et le récit des circonstances dans lesquelles il a parlé sont le sûtra, le dharma, la loi, quelque sujet qu’il ait traité[1]. Et à quoi tendaient d’ordinaire tous ses

  1. Il y a, surtout en pâli, beaucoup de sûtras faisant partie du canon, et qui sont des discours, non du Buddha, mais de ses disciples, supposés, cela va sans dire, les interprètes du maître.