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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1065

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

la vie religieuse, obtint la demande[1], faite par ceux qui la composaient, d’être reçus religieux ; puis les membres de cette assemblée arrivèrent à l’état d’anâgami (qui ne revient pas à la vie), et, quand la troisième opération eut été exposée[2], ayant rejeté loin d’eux toute la corruption naturelle, ils obtinrent l’état d’arhat (digne, méritant). Ceux-là donc étant devenus religieux au milieu de la Gangâ (du Gange) et au milieu du jour : « L’un d’eux sera appelé « Milieu de l’eau (ou l’île, de l’île), l’autre sera appelé « Milieu du jour (midi, Ñi-ma-i-gung, Madhyântika)[3] ; » voilà ce qui fut proclamé.

  1. En tibétain, (gsôl pa byas pa, ce qui pourrait se traduire par « fit la demande. » Mais ce sens ne conviendrait pas à l’ensemble de la phrase. D’ailleurs le génie de la langue tibétaine exigerait, pour que ce sens fût attaché à cette phrase, gsôl.var au lieu de gsôl.pa.
  2. Les mots sont bien clairs (las gsum-pa brdjod pa), la pensée l’est moins. Les trois opérations dont il s’agit sont sans doute : 1° devenir bhixu ou moine ; — 2° devenir anâgami ; — 3° devenir arhat « parfait. » Le passage à chacun de ces états aurait été précédé d’une instruction donnée par Ananda ; le texte ne cite que la dernière. Les trois degrés susindiqués sont loin d’être les seuls qui existent : l’auteur eût facilement pu allonger la liste ; il a su se borner.
  3. Tout ce passage est assez obscur. S’agit-il de deux individus ou de deux collections d’hommes, dont l’une aurait pris une dénomination, l’autre une autre ? Le texte tibétain a le singulier, il faut bien le conserver dans la traduction ; mais le singulier a souvent la valeur d’un pluriel, cas qui paraît se présenter ici. Il semble donc que les disciples d’Ananda auraient été partagés en deux classes. Quelle peut être la valeur de cette division ? Il est d’autant plus difficile de le dire, que, plus loin, les cinq cents disciples d’Ananda (du moins tout porte à croire qu’il s’agit d’eux) sont représentés comme agissant de concert avec Madhyântika, dont la personnalité, fortement mise en relief dans la suite du récit, se dessine assez faiblement ici. — On croit voir dans ces deux désignations, empruntées