Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1086

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
506
DÉCEMBRE 1865.

de souverains qui auraient régné avant l’introduction du buddhisme, et dont l’ensemble ne comprend pas moins de quarante-six générations. Le Mahâbhârata, dans la description de la conquête du monde par les fils de Pandu, événement bien antérieur, de l’aveu même des buddhistes[1], à l’apparition de Çâkyamuni, dit que Arjuna vainquit dans le Nord, entre autres adversaires, les Xatryas héroïques de Kaçmîra[2]. Le témoignage du Mahâbhârata peut, il est vrai, paraître suspect ; car, même en admettant, ce qui semble certain, que les divers poëmes particuliers qui le composent sont bien antérieurs au buddhisme, la rédaction définitive peut en être plus récente, et il a dû s’y glisser des interpolations, surtout dans les épisodes qui contiennent des énumérations géographiques, comme celui des conquêtes exécutées par les fils de Pandu. Quoi qu’il en soit, nous voyons la chronique kashmirienne et le grand poëme national des Aryens nous montrer la civilisation brahmanique établie à Kashmir bien avant la naissance du buddhisme. Du reste, les buddhistes du Sud eux-mêmes semblent, sur ce point historique, se rapprocher des brahmanes, et ils sont loin d’être aussi affirmatifs que leurs confrères du Nord sur l’étendue de l’œuvre civilisatrice accomplie dans le Kashmir

  1. Ils disent que le Buddha ne voulut pas naître dans la famille de Pandu à cause du désordre que les descendants de ce prince avaient mis dans leur généalogie. (Lalitavistara, trad. de M. Foucaux, p. 26.)
  2. « Kâçmîrikân vîrân Xattriyân. » (Subha Parva, çl. 1025.)