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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1088

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DÉCEMBRE 1865.

circonstances indiquées par le texte pâli, on croit entrevoir que la période immédiatement antérieure à l’arrivée de Madhyântika aurait été une période malheureuse, signalée, soit par des calamités naturelles, inondations, tempêtes, etc. soit par un état d’anarchie et de désordre. Les buddhistes auraient calmé ces maux : les maux physiques par de nouveaux procédés ou un plus grand soin dans la culture ; les maux politiques et sociaux, par l’enseignement d’une religion nouvelle. Cependant la Râjataranginî ne dit rien qui puisse faire supposer l’existence de cette époque de désordre : il est vrai qu’elle avait peut-être intérêt à la dissimuler ; mais les buddhistes ont pu avoir intérêt à l’inventer ou du moins à l’exagérer. On voit seulement par la chronique brahmanique que les quatre rois qui précédèrent Açôka, l’introducteur du buddhisme dans le pays, selon notre chronique, viennent après un roi mort sans postérité, et Açôka, leur successeur, ne descendait pas d’eux en ligne directe[1]. Cette interruption dans la filiation de la dynastie kashmirienne est le seul fait qui pourrait être l’indice d’une époque troublée : du reste, ces quatre rois paraissent avoir été recommandables, religieux, généreux envers les brahmanes, et l’un d’eux aurait même fait exploiter une mine[2]. Le pays était donc fort

  1. Râjataranginî, I, çl. 95-100.
  2. Ce roi est Suvarna, qui fit exploiter, dit la chronique, une mine (kulyâ) d’or et de pierreries dans le Karâla. Le nom de ce roi signifie or, et il distribua aux nécessiteux une part du produit de la mine. Il paraît que, peu avant le règne d’Açôka, il y eut une émission