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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1094

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DÉCEMBRE 1865.

du moins celui qui lui a servi de modèle, fut composé au commencement et lors des premiers succès de ce grand et magnifique mouvement. Mais, après des triomphes qu’on aurait pu croire définitifs, la décadence survint : au temps de Hiouen-Thsang, les buddhistes ne formaient plus dans le Gandhâra qu’une faible minorité : l’herbe poussait dans les couvents déserts et en ruines[1]. Or le récit du Kandjur, dans sa rédaction dernière, date bien certainement de cette période de revers : il n’a pas célébré des conquêtes reprises par l’ennemi ; et si le texte original les racontait, comme il y a lieu de le penser, les traducteurs auront supprimé ces témoignages indirects, mais trop positifs, des défaites du buddhisme. La fin du volume dont est tiré notre récit contient des remarques d’un lama sur des fautes de traduction qui existeraient dans ce volume et dans le précédent. Peut-être ce reproche s’applique-t-il aussi à des réticences du genre de celles dont nous venons de signaler la possibilité.

On a pu remarquer que le Mahâvanso et la Râjataranginî sont d’accord pour rapporter au règne d’Açôka l’établissement du buddhisme dans le Kashmir. La chronique brahmanique ne parle ni de Madhyântika, ni d’aucun missionnaire buddhique ; à ses yeux, l’introduction de cette religion nouvelle ne fut qu’un effet du caprice, de l’égarement, de la tyrannie d’Açôka ; elle ne s’est donc point complu à

  1. Voyages des pèlerins buddhistes, II, 105.