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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1093

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

faitement, comme celle de roi de France et de Navarre à nos anciens rois. Il n’est cependant pas probable que Mahânâma ait transporté à Açoka des faits concernant Kanishka : ce dernier, célèbre chez les buddhistes du Nord, qui cependant paraissent n’en point parler dans leurs livres canoniques, est inconnu aux buddhistes du Sud. La séparation des deux branches du buddhisme, postérieure à Açoka, sinon contemporaine de ce roi, est antérieure à Kanishka, et il ne paraît pas possible d’admettre un mélange dans les traditions qui peuvent se rapporter à ces deux personnages. Du reste, l’union des noms de Kasmîra et de Gandhâra s’explique suffisamment par le vaste développement de la puissance d’Açôka (puisque la ville de Taxaçilâ, capitale d’un royaume limitrophe du Gandhâra et situé entre ce royaume et celui de Kashmir, appartenait à Açôka) et par la prompte diffusion du buddhisme au delà de l’Indus. Car le Kashmir, une fois gagné au buddhisme, fut le point de départ d’une vaste et active propagande. Nous voyons Dhîtika, séparé de Madhyântika par l’intervalle d’une seule génération, peut-être même son successeur immédiat, porter déjà les doctrines de Çâkyamuni dans la Bactriane[1]. La mention répétée du nom de Gandhâra dans le Mahâvanso marque la première étape dans la marche du buddhisme vers les contrées occidentales ; d’où l’on est en droit de conclure que le récit de Mahânâma, ou

  1. Dans le pays de Tukharâ, disent les livres buddhiques. (Wassilief, I, 44.)