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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1099

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

Nirvâna ; le livre sacré des buddhistes du Nord prétend que ce fut un siècle après ; enfin le Mahâvanso le place à deux siècles et un tiers de distance.

Faut-il voir là un seul et même fait placé dans des temps différents par des écoles rivales, ou plusieurs faits distincts racontés d’une manière uniforme, mais dont les difficultés chronologiques font ressortir la diversité ? C’est ce qui nous reste à examiner.

Le récit de Târânâtha, qui fait de Madhyântika un disciple d’Ananda, permet d’expliquer l’arrivée de ce personnage à Kashmir par une scission qui se serait produite au sein du buddhisme. D’après cet historien, l’agglomération des bhixus à Bénarès était si grande après la mort d’Ananda, les habitants de la ville étaient tellement à l’étroit que, pour les mettre au large, Madhyântika, en buddhiste compatissant qu’il était, s’enfuit à travers les airs avec dix mille arhats[1]. Cela veut dire en langage ordinaire que Madhyântika et ses amis furent expulsés de Bénarès ; et ils durent l’être par des buddhistes, car cette ville était dévouée aux disciples de Çâkyamuni et soustraite à l’influence brahmanique. La fuite de Madhyântika s’explique par sa rivalité avec Çânavâsika. Ce personnage fut le chef de la société buddhique après Ananda, et la succession de ces chefs présente la série suivante : Mahâkaçyapa, Ananda, Çânavâsika, Upagupta, etc. Mais Madhyântika y figure souvent entre Ananda son maître et Çânavâ-

  1. Wassilief, I, p. 39.