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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1101

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DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

considère le différend entre Madhyântika et Çânavâsika comme l’expression légendaire et anticipée d’un événement postérieur, la scission opérée entre les Mahâsangikas et les Sthaviras, qui arriva cinquante ans (ou plus) après l’époque supposée de la fuite de Madhyântika au Kashmir.

On comprend très-bien, si la fuite prétendue de Madhyântika est véritablement de beaucoup postérieure à la mort d’Ananda, que les Kashmiriens aient reculé cet événement dans le passé, soit pour lui donner le prestige de l’antiquité, soit pour s’attribuer le privilège d’avoir reçu le buddhisme de la bouche d’un disciple direct d’Ananda, du compagnon de Çâkyamuni, de celui qui passe, dans le buddhisme, pour avoir reproduit la parole du maître. Mais, dans tous les cas, ce serait s’appuyer sur une base fragile que d’invoquer contre cet anachronisme possible l’assertion des buddhistes sur l’unité qui signala le premier siècle du Nirvâna. Cette première centaine d’années fut-elle aussi calme qu’on le prétend ? cet âge d’or est-il certain ? et devons-nous croire les buddhistes sur ce point, quand nous nous méfions d’eux sur tant d’autres ? Et d’abord, ne sait-on pas qu’ils font tous remonter leurs diverses écoles aux disciples immédiats, au fils de Çâkyamuni, faute de pouvoir les faire remonter à Çâkyamuni lui-même ? Tout le monde reconnaît qu’une pareille prétention n’a aucune valeur historique ; elle est cependant de nature à ébranler le préjugé qu’ils ont réussi à faire admettre en faveur de l’unité qu’ils