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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1132

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DÉCEMBRE 1865.

ou syrien antique, tel qu’on le trouve dans les plus anciens manuscrits syriaques, sur les monnaies d’Édesse et de Mésène et dans une inscription d’Édesse du temps de Justinien, dont je dois la copie à M. Texier. Il faut lire cette première ligne :

ܨܕܢ ܡܠܟܬܐ

La deuxième ligne est en caractère hébreu carré analogue à celui de l’inscription du monument dit « Tombeau de saint Jacques, » à celui des anciennes inscriptions grecques juives où se trouvent quelques lettres hébraïques, à celui de l’inscription de Kefr-Bereim en Galilée. Il faut lire cette ligne :

צדה מלכתה

La langue de la première ligne est le syriaque pur ; il faut traduire « La reine Saddane. »

La langue de la seconde ligne est le chaldéen palestinien, à peine différent du syriaque. Il faut traduire « La reine Sadda. »

La seule lettre de la première ligne qui offre quelque difficulté est la première. On peut être tenté un moment de la prendre pour un olaph. Mais, outre qu’on ne trouve à justifier cette supposition par aucune preuve paléographique satisfaisante, une raison décisive s’y oppose. La dernière lettre de la première ligne est certainement un olaph. Cette lettre a, dans l’alphabet estranghelo, une forme grande, large, très-constante, très-caractérisée. Impossible de supposer qu’à six lettres de distance le lapicide eût fait deux olaph si totalement différents l’un de l’autre. Qu’obtient-on, d’ailleurs, par la lecture ܐܕܢ ? Une leçon impossible, ܐܕܢ n’est pas un mot syriaque. En tous cas, ce n’est pas un mot féminin qui puisse être en rapport avec le féminin ܡܠܟܬܐ. Ajoutons que la valeur de ܨ que nous attribuons à cette première lettre est en parfait accord avec les plus vieilles