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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1133

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OBSERVATIONS D’ÉPIGRAPHIE HÉBRAÏQUE.

formes de cette lettre en estranghelo[1] et que la lettre correspondante de la seconde ligne, ligne qui, comme nous l’avons dit, n’est qu’une répétition de la première, est évidemment un ץ.

La seconde ligne n’offre pas de difficulté paléographique sérieuse. Le ץ initial se retrouve dans l’inscription trilingue de Tortose (Espagne)[2] et dans l’inscription de Ketr-Bereim. Le מ initial de מלכתה se retrouve identiquement dans l’inscription de Kefr-Bereim.

« Comme on le voit, l’orthographe de la seconde ligne diffère de la première en deux points : 1° Le nom propre écrit צדן dans la première ligne est écrit צדה dans la seconde. Ce n’est pas là une différence bien importante. Les langues araméennes affectionnent la terminaison on ou an. ܘܽܢ en syriaque est une terminaison de diminutif, qui change à peine le sens du mot[3]. On peut, si l’on veut, voir dans la première forme une sorte de nunnation, comme שלמה = ܫܠܝܡܘܢ = سلمان. 2° Les habitudes juives se trahissent dans l’orthographe du second mot, écrit מלכתה au lieu de מלכתא. On sait que le chaldéen biblique substitue souvent l’orthographe hébraïque à l’orthographe araméenne, surtout en ce qui concerne l’emploi de ה pour א.

Quelle est cette reine Sadda ou Saddane dont le corps a été sans aucun doute déposé dans le sarcophage rapporté par notre savant confrère ? Je n’ai pas trouvé dans toute l’histoire du peuple juif une seule personne qui répondît à ce nom. On ne peut pas même dire que ce soit là un nom hébraïque. Les noms hébreux en effet sont peu nombreux et peu variés. Sadda est un nom sémitique, puisqu’il renferme un ץ ; ce n’est pas précisément un nom juif.

Les caractères paléographiques et philologiques de l’ins-

  1. Voir les spécimens de paléographie syriaque donnés par M. Land à la suite du premier volume de ses Anecdota syriaca (Leyde, 1862).
  2. Revue Archéol. 1er nov. 1860, p. 345 et suiv.
  3. Uhlemann, Elementarlehre der syr. Spr. p. 101 ; Gesenius, Lehrgeb, der hebr. Spr. p. 513.