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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1136

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DÉCEMBRE 1865.

surtout dans un endroit qui n’était pas destiné à frapper les yeux ? L’Osrhoène, la Mésène, l’Adiabène étaient des pays éloignés et étrangers pour les Hiérosolymites, au temps d’Alexandre Jannée et de Hyrcan.

J’en dis autant, quoique avec plus de réserve, de la dynastie des Hérodes. Le texte estranghelo n’a guère de sens, si la personne ensevelie dans le cercueil rapporté par notre confrère a appartenu à cette dynastie. C’est le grec, ce semble, qu’on trouverait en pareil cas sur le cercueil à côté de l’écriture courante de Jérusalem. Sans doute, les Hérodes ont eu bien plus de liens que les Asmonéens avec la Syrie. MM. de Vogué et Waddington ont entre les mains des inscriptions à la fois grecques et nabatéennes d’un des rois Agrippa, trouvées dans le Hauran. Mais l’alphabet de notre premier texte n’est nullement l’alphabet nabatéen. C’est l’alphabet de la Haute-Syrie, d’Édesse, de Nisibe. Les Hérodes n’avaient pas de raison d’aller prendre cet alphabet d’un pays éloigné, avec lequel ils n’avaient rien à faire, pour lui donner la première place sur leurs tombeaux.

Reste la famille d’Hélène, reine de l’Adiabène, ou pour mieux dire d’Izatès, laquelle, l’an 46 de notre ère, élut en quelque sorte domicile à Jérusalem, y fit de grandes constructions, de grandes aumônes, et y jeta beaucoup d’éclat[1]. En admettant que le sarcophage rapporté par M. de Saulcy ait contenu le cadavre d’une princesse de cette famille, tout s’explique dans la perfection. On sait qu’une opinion ancienne, dont M. de Chateaubriand vit la force avec sa pénétration ordinaire, et à laquelle Robinson a prêté l’appui d’un savoir très-solide et d’une forte argumentation[2], regardait le monument appelé « Tombeaux des rois » comme les tombeaux de la famille d’Hélène. Divers passages de Josèphe, d’Eusèbe, de saint Jérôme, surtout de Pausanias, donnaient à cette opinion une très-

  1. Jos. loc. cit. Le Talmud parle souvent de divers membres de cette famille, surtout de Monobaze, dans un sens parfaitement concordant avec ce que dit Josèphe.
  2. Biblical researches in Palestine, I, 361 et suiv. III, 251-52.