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Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/790

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AOÛT-SEPTEMBRE 1865.

sulmans, nous (levons passer à l’examen de la question d’origine.

Que l’alphabet national de la nation perse sous les Arsacides et les Sassanides soit un dérivé de l’alphabet araméen, c’est ce dont on ne saurait douter ; M. de Sacy l’a établi dès la fin du siècle dernier d’une manière certaine, bien que le passage de saint Épiphane sur lequel il s’appuyait n’ait pas en réalité le sens qu’il cherchait à lui donner[1] . Mais du temps où ont été écrits les admirables Mémoires sur quelques antiquités de la Perse, d’un côté on ne con-

  1. Le passage de saint Épiphane (Adv. hœres. II, p. 629, ed. Patav.) allégué par M. de Sacy prouve seulement que du temps de ce Père de l’Église, c’est-à-dire sous les Sassanides, on se servait concurremment en Perse de l’alphabet syriaque et de l’alphabet pehlevi, περσικὰ στοιχεῖα. Voici en effet le texte de ce passage : Βίβλους γὰρ οὗτος (ὁ Μάνης) διαφόρους ἐξέθετο. Μίαν μὲν ἰσάριθμον εἴκοσι δύο στοιχείων τῶν κατὰ τὴν Σύρων στοιχείωσιν δι’ ἀλφαβήτων συγκειμένην. Χρῶνται γὰρ οἱ πλεῖστοι τῶν Πέρσων μετὰ Περσικὰ στοιχεῖα καὶ τῷ Σύρῳ γράμματι, ὥσπερ παρ’ ἡμῖν πολλὰ ἔθνη τοῖς Ἐλληνικοῖς κέχρηνται καίτοι γε ὄντωνν σχεδὸν κατὰ ἔθος ἰδίων γραμμάτων. Ἄλλοι δὲ δῆθεν τὴν βαθυτάτην τῶν Σύρων διάλεκτον σεμνύνονται, τὴν τε κατὰ τὴν Παλμύραν διάλεκτον, αὐτὴν δὲ καὶ τὰ αὐτῶν στοιχεῖα, εἴκοσι δύο καὶ ταῦτα ὑπάρχει.

    On s’aperçoit qu’il n’y est pas dit un seul mot de ce que l’écriture des Perses était dérivée de l’écriture syrienne ou semblable à celle-ci. Tout ce que saint Épiphane a dit et voulu dire, c’est que, de son temps, les gens instruits de la Perse connaissaient et employaient l’alphabet araméen à côté de leur alphabet national, lequel ne pouvait être alors que le pehlevi, et que Manès avait divisé un de ses ouvrages en 22 livres, à chacun desquels répondait une lettre araméenne. L’auteur du Kitab-al-fihrist (Ms. arabe de Paris, n° 874, 16 recto) va encore plus loin et dit que de son temps (dans le ive siècle de l’Hégire) l’ancien syriaque était encore la langue commune du peuple dans certaines parties de la Perse.