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SEPTEMBRE-OCTOBRE 1902.

pas celle de la survie, mais celle de la béatification, de l’entrée dans le monde de l’absolu : « Après la mort j’existerai sans défaillance, ferme, pour toujours, immuable…[1] », et ailleurs : « Après la mort l’âme est exempte de souffrance et absolument heureuse[2] ». Le Bouddha condamne cette opinion en vertu de l’universelle douleur : « Vous êtes-vous jamais trouvés soit un jour, soit une nuit, soit un demi-jour, soit une demi-nuit, entièrement heureux ? » Ainsi interrogés, ils répondirent : « Non »[3]. Le bonheur n’est d’aucun monde, car toute existence est transitoire : « yad anityaṁ tad duḥkham. »

    dans le çāstra septentrional : ettha ca le āvuso Yamaka diṭṭheva dhamme saccato thelato Tathāgato anupalabbhivamāno… = « Ainsi donc, ami Yamaka, même ici-bas tu ne constates pas le Tathāgata comme réel(a)… » — Comment peux-tu soutenir qu’il périt puisqu’il n’a jamais existé ?

    Mais à n’envisager que la première phrase du Sūtra, nous avons ici un précieux vestige de l’ancienne foi : « il est faux que le Tathāgata périsse » ; le compilateur du Saṁyutta a interprété cette ancienne proposition à sa guise, conformément à l’esprit qui règne dans les Piṭakas : « Anathème celui qui affirmé la destruction du Tathāgata ; pour périr il faut avoir existé ! »

    Voir ci-dessous p. 256, n. 5 et 303, l. 15.

    (a). Foucher (285. 8 ) : « Ainsi donc, ami Yamaka, dès ce monde même, le Parfait ne peut être compris en vérité par toi. » — Le doute porte sur le mot « comprendre ». — cp. Milinda, 25 : na puggalo upalabbhati = for there is no permanent individuality. Kathāv. p. a, 8. 3 : upalabbhatīti paññāya upagantvā labbhati. — cp. ci-dessous p. 254, n. 1.

  1. Majjhima, I, 138. 7 (cité par Oldenberg, 278. 1) ; cp. ibid., I, 25.
  2. Dīgha, ix, 34. Comparer Saṁyutta, III, 219, dont la portée est différente.
  3. Négation intéressante du « sukham asvapsam ».