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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

non seulement ancien, mais primitif : il est suivant toute vraisemblance antérieur au bouddhisme. Les poètes védiques savent que les dieux ne sont que des noms : le véritable dieu est celui qui est innommable ; les upanisads cherchent à exprimer une pensée transcendante par des mots illusoires, et leurs contradictions apparaissent, sinon voulues, du moins conscientes. La distinction, la superposition des deux vérités — nous n’examinerons pas avec Kumārila dans quelle mesure elle résout le problème métaphysique[1] — s’impose à quiconque étudie les documents bouddhiques : nous n’en disconviendrons pas.

Certes il ne faut pas exiger des textes du Tipiṭaka la clarté et cette systématisation achevée qu’on admire dans les écoles sanscrites, chez les Vaibhāṣikas ou les Mādhyamikas ; mais que sur ce point toute la théorie de la dogmatique savante y soit contenue en germe, il n’est pas difficile de l’établir[2] ; et dès lors l’orthodoxie aura pour norme la règle que Çāntideva formule à propos de la continuité d’un principe conscient : « Son existence [qu’on prétend établir] par l’āgama est démentie par le raisonnement et par l’āgama[3] ». L’infériorité, la valeur inten-

  1. Mīmāṁsaçlokavārt., voir p. 252, n. 2.
  2. Voir Saṁ. N., p. 135 ; Dīgha ix, 33.
  3. Çikṣāsamuccaya 359, i : āgamāc ca tadastitvaṁ yuktyāga­manivāritam. Voir notre article : The authority of the Buddhist Āgamas, J. R. A. S., 1902, p. 375, n. 1.

    Madh. vṛtti (11a Calc. 14. 30) : yuktir upavarnitā… āgamo varṇitaḥ. — Bodhic. ṭ ix, 3 (247. 13) : yukter āgamāc ca. — Abhidh. k. v. (Soc. As.) 213a 11 : āgamenāntarābhavāstivaṁ sādhayann