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SEPTEMBRE-OCTOBRE 1902.

tionnelle (ābhiprāyikā deçanā) d’un texte, résulte de ce fait qu’il est contredit par un autre texte et par la discussion logique : à la rigueur le raisonnement seul suffit.

Ceci acquis, ne nous arrêtons pas aux données cosmologiques ou théologiques dont s’encombrent les jātakas et les suttas : nous avons entendu le Bouddha repousser avec dédain toutes les spéculations oiseuses ; il nie l’existence de Brahmā par raison de non-aperception : c’est le syllogisme par ānupalabdhī appelé à une haute fortune dans la logique du Grand Véhicule[1]. Sacrifions, si on le veut, toute la mythologie, et qu’elle soit reléguée dans le domaine de la vérité relative : qui pourrait nier en effet qu’une fraction de la communauté des Sthaviras croyait peu à tout le surnaturel qui se glisse dans les

    āha… 218a 8 : tasmād āgamato ’pi siddho ’ntarābhavo na kevalaṁ yuktita ity api çabdaḥ.

    Par yukti il faut entendre pratyakṣa et anumāna. Le raisonnement s’applique aux diverses données de l’āgama ; il est d’ailleurs dominé par la conception philosophique qui se dégage de l’āgama en général : tel sūtra peut faire défaut dans le canon d’une secte : dharmatāyā avirodhān na doṣaḥ. — Et par dharmatā il faut entendre la pratītyasamutpādadharmatā, la loi de causalité (Abhidh. k. v., cité p. 279, n. 2).

    Sur les moyens de fixer le sens d’un texte, Milinda, Rhys Davids, i, 209.

  1. Les règles formulées par Dignāga et Dharmakīrti (voir Nyāyabindu 104. 10) reposent, s’il faut en croire le Nyāyabindupūrvapukṣasaṁkṣepa (Tandjour, Mdo, cxi, 111b), sur des textes de l’Écriture : « ce qui étant par définition perceptible n’est pas perçu, cela n’existe pas ». (Cp. ci-dessus p. 248, n. (a).)

    L’emploi de ce raisonnement est fréquent dans nos textes : … yan na labhyate tan nopalabhyate ; yan nopalabhyate tan naivātītaṁ