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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

Piṭakas et triomphe dans le Lalita ? — Sacrifierons-nous aussi la doctrine de l’acte et du fruit ?

La loi du karmaphala est essentielle au bouddhisme ; le Maître dit quelquefois : « Je n’enseigne qu’une chose, bhikṣus, à savoir le karman[1] » ; c’est là le cœur de la Bonne Loi.

Mais non moins formelle la négation du moi ; et quelle idée nous ferons-nous de la transmigration si le concept d’âme est noté d’hérésie ? or nos textes d’un commun accord le proclament : « L’acte existe, le fruit existe ; mais l’agent n’existe pas qui passe d’une existence dans une autre pour recueillir le fruit » ; « Il y a transmigration, mais il n’est pas d’être qui transmigre[2]. »

Eh quoi ! diront les hérétiques, le Bouddha n’a-t-il pas enseigné : « À cette époque j’étais le roi cakravartin Māndhātar[3] » ? n’a-t-il pas dit : « Les actes

    nānāgataṁ na pratyutpannaṁ ; yan naivātītaṁ… tasya nāsti svabhāvaḥ… (Āryaratnakūṭa, cité Madh. vṛtti, éd. Calcutta, 11.17).

  1. Mahāvastu I, 246. 2 : yathoktaṁ bhagavatā nāhaṁ bhikṣavo karmato ’nyad vademi iti — Milinda, p. 65.
  2. Bodhic. ṭ. 307. 7 : uktaṁ caitad bhagavatā : … asti karma, asti phalam, kārakas tu nopalabhyate… anyatra dharmasaṁketāt.

    Abhidh. k. v. (ms.  Burn.) 475a 10 : kārakas tu nopalabhyata iti vistaraḥ. karmaṇaḥ kārako nopalabbyate. kīdṛço’ sāv ity āha. ya imāṁç caihikān skandhān nikṣipati tyajati, anyāṃç ca pāratrikān skandhān pratisaṁdahaty upagṛhṇāti.

  3. Madh. vṛtti, 182b (= p. 214. 16, éd. de Calc) : yat tarhīdaṃ sūtre : aham eva sa tena kālena tena samayena Māndhātā nāma rājā cakravartī abhūvam iti tat kathaṁ veditavyam iti ? anyatvapratiṣedbaparaṁ tad vacanaṁ, naikatvapratipādakam iti vijñeyam… yadi punaḥ sa evāyam iti pûrvakasya cādhunātanasya caikatvaṁ syāt, ko doṣaḥ syāt ? uktas tāvad atra doṣo, nityatvaṁ syāt.

    Comp. Abhidh. k. v., citée p. 280, n. 1, in fine.