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QUELQUES MOTS D’ASTROLOGIE TALMUDIQUE.

Cependant, même en Chaldée et en Assyrie, les deux Ištar n’étaient pas tellement distinctes. Ainsi l’Ištar d’Arbèles abritait dans son temple une espèce d’école de prophètes ou de « vates » que les rois Senacherib et Ašurbanipal ne manquent pas de consulter avant chaque expédition importante, et qui, au nom de la déesse, encourageaient toutes les guerres et toutes les atrocités. Cette Ištar apparaît (iii, R. 16, no A, col. V, l. 26-77) comme un foudre de guerre, donne l’ordre de l’expédition, fait marcher l’épouvante devant elle, encourage les troupes par un songe. (Voir aussi v, R. 1-10 ; Rassam-Cyl., col. V, l. 29, 63, 71, 100.) Eh bien ! cette même Ištar apparaît, ligne 57, comme une mère qui a « gardé le roi dans son tendre sein maternel » (ina kirimmiša ṭabi tahṣinkama). Après lui avoir promis la victoire, elle-même recommande de ne pas s’exposer en personne et de se réjouir (l. 65-66 : « akul akalušiti kurunnu ningutu šukun nuid iluti » [mange et bois et festoie et honore ma divinité]). Ainsi dans le même passage elle apparaît à la fois comme une virago fougueuse, armée jusqu’aux dents, des menaces terribles sur les lèvres, et une tendre Vénus qu’on honore en faisant bonne chère et en se livrant aux réjouissances.

Ce qui complique encore cette figure c’est qu’on lui donne pour père tantôt Anu, tantôt Ašur, tantôt Sin ; elle est à la fois la sœur et l’épouse de Šamaš. (Voir Ašurbanipal, Smith, 121 f.) Son nom apparaît ailleurs avec le sens de déesse en général dans l’ex-